Cartable et caisse à outils

Fille de parents, amateurs d’art et d’histoire, j’eus tout à loisir, dès ma prime enfance, de parcourir notre capitale, nos contrées proches et  étrangères, munie d’un cartable et d’une caisse à outils. Dans le premier, j’entassais tout ce qui témoignait de la création humaine : archi, peinture, sculpture, arts ornementaux, et dans le second, les outils et matériaux utilisés pour. C’est ainsi apprêtée, qu’une fois mon Bac Arts plastiques en poche (1983 – Saint-Étienne), je choisissais d’entrer à l’Institut d’Histoire de l’Art de l’Université Lumière- Lyon 2. Axé sur les arts occidentaux, je considérais son enseignement trop restrictif, aussi profitais-je de l’existence du Musée africain de la Société des Missions africaines et de ses besoins pour y installer  » mon bureau d’études ».

De l’art primitif à l’art africain, en passant par l’art nègre

Parmi tous les objets récoltés par les membres de la Congrégation depuis la fin du 19è s., se distinguaient, de part leurs faciès réalistes et leurs superstructures figuratives, 62 masques Gélèdé dont certains, d’après les quelques notes qui les accompagnaient, avaient participé à l’Exposition coloniale de 1931, à Paris … de quoi piquer ma curiosité de jeune béotienne. De fil en aiguille, je parvins à restituer, à chacun d’entre eux : et son identité, et son parcours spatio-temporel. Ainsi naquit la collection de masques Gélèdé du Musée africain de Lyon et avec elle, la rédaction de mon mémoire de Maîtrise, dont la validation en 1989 me consacra comme : Première universitaire de région en Histoire de l’art africain. L’année suivante, j’invitais et le public lyonnais, et mes confrères, à découvrir cette collection à travers : « Masques Gélèdé : pouvoirs de femmes« , leur toute première exposition « artistique », pour laquelle, bien que Commissaire débutante, j’avais conçu une scénographie « audacieuse », comme l’avait souligné la Presse.

Deux ans plus tard (1992), j’obtenais mon DEA-Art contemporain avec une étude portant sur un corpus d’une trentaine d’objets du Musée africain, regroupés sous l’intitulé : Art chrétien Ouest-africainChrist, Vierge, Saints, scènes bibliques, hagiographiques, sculptés dans du bois peint ou non, fondus en bronze, gravés, pyrogravés, s’offraient à mes yeux   ,  Par  l’art syncrétique. J’entrais dans le monde de la statuaire en pied, réalisée en bois ou en bronze

La réserve du musée conservait suffisamment de pièces d’art chrétien ouest-africain, remisées en raison de leur style, de leur qualité technique, de leur histoire et surtout de leur absence d’histoire, pour que je m’en saisisse. Je plongeais alors dans des recherches rendues complexes par les questions de métissage (version Laplantine), de colonisation et d’appropriation, qu’elles soulevaient. Un sujet sensible au regard des éléments que je mettais à jour, mais dont l’écriture me permit de décrocher mon Diplôme d’Etudes Approfondies.

 

 

 

2020, août  : Ouverture de l’atelier – workshop de vitrail : AlexSo, à Pérouges.

2020, février : Création de : Les Temps d’Art

2011 : Création d’actions artistiques participatives & réalisations de projets artistiques en milieu scolaire et en institutions spécialisées

2008 : Création de l’atelier d’arts plastiques et de vitrail : AlexSo, à Meximieux. Il y est question de création, cours, stage

1998 à 2000 :  créatrice et directrice de la Galerie NKB (Guediawaye-Dakar)

Mes formations en Histoire de l’Art
  • Depuis 2003 : conférencière en Histoire de l’art -chez  : Université Tout Age (Bourg en Bresse), Université pour Tous Jean Monnet (Saint-Étienne), associations Arts et Culture (Ain, Drôme, Rhône), écoles primaires
  • 2003-2008 : formatrice en Histoire de l’art – Arts appliqués -chez : Association Ouvrière des Compagnons du Devoir du Tour de France (Lyon)
  • 1998 : formatrice en Interculturalité -chez : Cadres SansFrontière – Afrique (Lyon)
Mes Commissariats d’Exposition
  • 2018, juin : Espaces vibratoires. – Techniques mixtes de Muriel Lallart Koç. -MAPRAA, Lyon. France.
  • 2016, déc. : Lumière(s) d’or. – Techniques mixtes de Muriel Lallart Koç. -Galerie Imag’In, Lyon. France.
  • 2016, juin :  Figurations humides. – Peintures et gravures d’Eleni Pattakou, -Galerie du Bayer, Vienne. France.
  • 2003, sept : Faites entrer le public. Peintures de Jo Tachon -Atelier de l’artiste, Villeurbanne. France.
  • 2000, mai : Urbanités murales. – Peintures de Birame Ndiaye. Dans le cadre de la Off de Dak’Art. -Galerie NKB, Guediawaye-Dakar. Sénégal.
  • 1996 : Le bivouac des artistes – Œuvres de 11 artistes européens et africains, réalisées durant leur workshop au Niger. -Galerie 39 ; Centre Culturel Français, Dakar. Sénégal.
  • 1991, mars-avril : Masques Gélèdé : pouvoirs de femmes. Collection de 62 masques. -Musée africain, Lyon. France.

 

Mes expositions

Depuis 1994 : exposante en individuel

Depuis 1984 : exposante en collectif

2010-2013 : formation en Art-thérapie et médiation artistique

En 1984, je découvrais l’art d’exposer collectivement mes travaux. Trois années de suite, le Salon des artistes viennois me reçut. Et puis, ce fut le refus. Ma grande toile : « Vue du Rhône« , réalisée avec des sacs à poubelle bleus, des leurres de pêche en forme de poisson, ne passa pas auprès du Jury. Forte de cette expérience, je m’offre, depuis, le luxe de choisir les organisateurs. Et mon dernier élu fut le Rotary Club d’Oyonnax, lequel en décembre 2017, reçut trois techniques mixtes de ma série sur  : « Marianne« , ainsi qu’un faciès en acier surmonté de déchets plastiques industriels : « Théodora 3« .

 

 

 

Les voies du Doctorat s’ouvraient devant moi et, de l‘art nègre à l’art africain contemporain, il n’y avait qu’un pas. Je le franchis derechef lorsque je lus, dans un article du Monde consacré à l’exposition des Lutteurs Noubas du sculpteur sénégalais, Ousmane Sow, que j’aurai le plaisir de rencontrer lors de mes séjours à Dakar, cet artiste présenté comme étant le : « Rodin africain« . Comment se faisait il que nous puissions encore nous approprier l’expression artistique d’un des « enfants » de Léopold Sédar Senghor, chantre de la Négritude de surcroît ? C’était faire fi des combats que ce poète avait menés dès les années 30 en France. C’était faire fi de son image de Président « mécène«  que celui-ci entretenait à l’Etranger depuis la réalisation, en 1966, du premier Festival mondial des arts nègres dans sa capitale ? C’était faire encore de l‘ethnocentrisme. Alors il me fallait m’excentrer. Je fis mes valises et atterris à Dakar en août 1992, deux mois après la clôture de la première Biennale internationale des arts africains, la Dak’Art. Normal : mon sujet de thèse étant : « Le développement des arts plastiques au Sénégal de 1966 à 1992« .

A la somme de questions qu’imposaient mon sujet, je trouvais des réponses. Aidée en cela par les acteurs principaux de cette histoire : les artistes plasticiens,  mais aussi par les : photographes, cinéastes, comédiens et écrivains, tous amusés quelque part, de me voir courir : ateliers, galeries, ministères et bien sûr, archives nationales. Là, dans cette caverne aux souvenirs écrits, j’épluchais articles de Presse et documents institutionnels, encore demeurés à la discrétion du Conservateur. A travers tout ce qu’ils me révélaient, et, au regard de ce que les 176 biographies de peintres et sculpteurs, de renommée nationale et/ou internationale, que j’avais reconstituées, soutenaient, je compris soudain que désormais, il me faudrait trouver un récepteur objectif, si ce n’est impartial.

En 1994, je me lançais dans l’art d’exposer individuellement mes travaux. Mes scènes de rue, croquées lors de mes voyages en Europe, à une époque où, pour payer mes études j’étais guide touristique, avaient suscité l’intérêt de la galerie UpDown à Lausanne (Suisse). Pourtant, mes travaux n’étaient pas encore riches des divers matériaux et techniques acquises auprès des : Kan-Si, Ndary Lo, Cheikh Niass, Souleymane Keita, Zulu Mbaye, El Hadji Sy, Joe Ouakam et autres artistes sénégalais avec lesquels je passais de plus en plus de temps lorsque j’étais à Dakar. Et c’est d’ailleurs, à Dakar, en juillet 2000, que se tint au Centre culturel Blaise Senghor, ma deuxième exposition individuelle : « Histoire d’hommes, Histoires de héros« . Quant à la troisième, « Autre part« , elle eut lieu à Lyon, dans l‘atelier-galerie de Jean-Paul Payet, en 2004, soit quatre ans après mon retour définitif en France. En 2012,  j’exposai : « Embr(e)ssons-nous » à la Galerie du Beffroi, à Meximieux, cette petite ville de l’Ain, où je m’étais installée durant l’été 2008.  Avec cette série, des techniques mixtes sur PVC, je témoignais : et de mon implantation en ce territoire : la proche Plastics vallée, les chapeaux cheminées des femmes, les émaux bressans dont les colliers appelés : Esclave, et de mon vécu au Sénégal. Métissage culturel. Et puis, en septembre 2016, la même galerie m’invita pour illustrer les Journées du Patrimoine, consacrées à la citoyenneté, avec mon travail peint et gravé autour de Marianne, réuni sous le titre : « Incipit« .

Au printemps 1998, lors d’une étape à Lyon, je rencontrais la structure Cadres-sans frontière – Afrique. Sollicitée pour former ses futurs entrepreneurs en Afrique sur l‘interculturalité, je revêtis pour la première fois, le costume de formatrice. J’éprouvais à nouveau le plaisir de m’exprimer face à un public, et découvrais celui d’adapter aisément mes savoirs et connaissances. Transmettre. J’aimais cela. Et cela s’offrit à moi, de deux manières différentes, dès 2003. Avec son cycle de conférences, l’Université pour tous -Jean Monnet, à Saint Etienne, me donna accès à ce mode de transmission que, depuis, j’ai toujours alimenté, concevant de nouveaux sujets selon mes envies ou les demandes qui me sont faites.  Et puis avec l’Association Ouvrière des Compagnons du Devoir du Tour de France qui me recruta pour créer des cours en arts appliqués et en Histoire de l’art à l’attention de ses apprentis : staffeurs, selliers, cordonniers, charpentiers, couvreurs, carrossiers, chaudronniers, maçons, et conseiller les serruriers et tailleurs de pierre, dans la réalisation de leurs chefs d’oeuvre. Jusqu’en 2008, j’opérai avec bonheur dans cette transversalité des pratiques que j’avais instaurée.

Mon art du vitrail en bénéficia. Je trouvais rapidement comment y intégrer : ardoise, bois, métaux, textiles, vides et pleins. Je m’affranchis donc, en toute confiance de son caractère trop académique, mais néanmoins nécessaire, que j’avais appris auprès du  maître verrier Lionel Brunner depuis 2004. Nécessaire, parce qu’il rassure le novice qui franchit le seuil de mon atelier pour apprendre. « Commencer par le début » et puis … laisser venir l’envie d’oser s’exprimer.

Le nouveau millénaire me trouva à Dakar. Je dirigeai alors la galerie de l’Espace artistique international Nio Ko Bokk, NKB, que j’avais co-fondé deux ans plus tôt avec deux associés. Inscrite dans le programme off de la 4ème édition de la Dak’Art, la galerie illustra : Urbanités murales, le thème choisi conjointement par NKB et ses partenaires locaux pour ce mois de mai, avec les dernières œuvres du jeune peintre Birame Ndiaye. Aux côtés de ses qualités techniques, c’est son engagement social, lisible dans ses titres et perceptible dans chacune de ses toiles, que je retins. Mon inclination pour la peinture et la sculpture dites «  de genre« , voire engagées, motive mes choix de commissariat d’exposition d’artiste. En atteste, celui réalisé en 2016 pour Eleni Pattakou, avec « Figurations humides », dans laquelle nous présentons le thème des bateaux de migrants ; ou encore, celui de Muriel Lallart Koç avec « Espaces vibratoires », dont les travaux sur les éléments : eau, air et Terre, pourraient nous interroger sur notre matérialité.

En 2011, un S.O.S. lancé par l’Office de tourisme de Pérouges m’amène à animer des ateliers Vitrail interactifs pour les scolaires. Puis ce sera au tour de l’école primaire d’Ambronay, de faire appel à mes compétences de verrière. A choisir entre : le verre ou le PVC ? Ce sera PVC. Le faire peindre, le découper, le perforer, en assembler les morceaux pour enfin, le suspendre. Accompagner les enfants afin qu’ils concrétisent ce projet « Rêver un vitrail« . S’ensuivront d’autres projets, porteurs d’autres sens, illustrant d’autres thèmes. Des médiations artistiques. Des actions artistiques participatives qui font sens. Car :  » Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer aux progrès scientifiques et aux bienfaits qui en résultent » – Art. 27, Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.